Santé environnementale

Perturbateurs endocriniens : comment s’en protéger ?

Perturbateurs endocriniens : comment s’en protéger ?

Les scientifiques alertent depuis de nombreuses années sur les dangers des perturbateurs endocriniens pour notre santé. Pourtant, ces substances nocives sont toujours présentes dans notre quotidien. Comment y échapper, ou du moins limiter notre exposition ?

Vous mangez peu gras, peu sucré, peu salé, vous ne fumez pas non plus et êtes physiquement actif. Bravo ! Mais, même si cela préserve indéniablement votre santé, ce n’est malheureusement pas suffisant. La faute aux perturbateurs endocriniens (PE) qui se trouvent un peu partout, que ce soit dans les objets qui nous entourent ou notre alimentation.

Contenants ou jouets en plastique, produits ménagers ou d’hygiène, cosmétiques, vêtements… Ces composés chimiques (comme le bisphénol A) ou d’origine naturelle (comme les phytoestrogènes présents dans certaines plantes telles que le soja, par exemple) sont omniprésents. On en boit, on en mange, on en respire, notre peau en absorbe et, bien que certains soient plus vulnérables que d’autres, chacun de nous est concerné.


Qu’est-ce qu’un perturbateur endocrinien ?

Un PE se définit par son action sur le système hormonal, qu’il dérègle. Il peut, par exemple, modifier la production d’hormones naturelles (œstrogènes, testostérone) en interférant avec leurs mécanismes de synthèse, de transport ou d’excrétion.

Il peut aussi mimer l’action de ces dernières en se substituant à elles dans les mécanismes biologiques qu’elles contrôlent et peut également les empêcher de jouer leur rôle en se fixant sur les récepteurs avec lesquels elles interagissent habituellement.

Pas besoin d’aller les chercher bien loin, ils sont partout ! Des bisphénols dans les boîtes de conserve, du triclosan dans les dentifrices, des parabènes dans les cosmétiques, des retardateurs de flammes dans les tissus d’ameublement et les ordinateurs ou encore des pesticides dans les fruits et légumes… il en existe une multitude !


Quelles conséquences sur l’organisme ?

Elles sont multiples. Les fonctions reproductrices, notamment, peuvent être altérées, entraînant des malformations génitales chez les bébés, des pubertés précoces chez les enfants ou encore des problèmes d’infertilité chez les adultes.

Ces substances sont aussi accusées d’être à l’origine de nombreuses pathologies. « Les phtalates, ajoutés dans certains plastiques, sont associés aux maladies cardiovasculaires, pointe le docteur Pierre Souvet, cardiologue et président de l’Association santé environnement France (Asef).

D’autres perturbateurs endocriniens favorisant l’obésité et le diabète provoquent ainsi indirectement des maladies cardiovasculaires », précise-t-il, avant d’ajouter : « Les phtalates, le bisphénol, les composés perfluorés (PFC), qui sont également des polluants persistants, sont soupçonnés d’être responsables de troubles cognitifs, d’hyperactivité, de troubles du neurodéveloppement...»

Les PCB (polychlorobiphényles), interdits depuis 1987 mais qui persistent dans notre environnement (alimentation, retardateurs de flammes, etc.) et sont incorporés dans un grand nombre d’objets usuels, interféreraient dans le fonctionnement de la thyroïde. Même si nous sommes tous concernés, les personnes les plus vulnérables sont les enfants, de la naissance à la fin de la puberté, les adultes en âge de concevoir (autant les hommes que les femmes) et les femmes enceintes et allaitantes.


Pour se protéger, adoptons les bons réflexes !

Et cela commence dès le plus jeune âge. Le médecin préconise d’utiliser des biberons en verre, ou du moins d’éviter de chauffer le lait dans un biberon en plastique, mais plutôt dans un récipient en métal inerte comme l’inox, avant de le verser, une fois refroidi à 25 °C, dans le biberon. Attention, même s’il n’y a plus de bisphénol A dans les biberons en plastique, ceux en polypropylène ne sont pas pour autant sans danger : avec la chaleur, ce plastique se dégrade et libère des microparticules, que le nourrisson absorbe en tétant.

De manière générale, les contenants en verre sont à privilégier pour réchauffer nos plats. « La chaleur, mais aussi la durée de contact, influent sur la nocivité du matériau », explique le docteur Souvet. Attention également aux jouets et autres produits d’hygiène que les enfants utilisent. Il faut aussi prendre l’habitude de porte des gants lorsque nous utilisons des produits ménagers. Autant de gestes préventifs qui limitent l’absorbions de ces PE. Privilégions autant que possible des aliments issus de l’agriculture biologique, « car les pesticides ont souvent une activité perturbatrice endocrinienne ».

En règle générale, « le grand principe, c’est d’éviter les produits chimiques inutiles, comme les parfums, les vernis à ongles, les pesticides… On ne peut pas y échapper totalement, mais on peut faire mieux », assure Pierre Souvet, qui nous invite tous à nous informer. « L’enjeu est bien trop important ».


Plus de transparence sur les perturbateurs endocriniens

Bonne nouvelle pour les consommateurs : un décret oblige désormais les industriels à fournir, depuis le 1er janvier 2022, une liste des produits qui contiennent des perturbateurs endocriniens. Accessible en ligne pour le grand public, elle concerne les denrées alimentaires, les produits biocides (désinfectants, insecticides, raticides, produits de protection du bois…), phytosanitaires (herbicides, insecticides, fongicides…), les jouets et les cosmétiques.

Si les dispositifs médicaux entrent dans le cadre de cette nouvelle mesure, les médicaments ne sont en revanche pas mentionnés dans le décret. A noter aussi qu’à partir de 2025, aucun plastique jetable ne sera autorisé dans les cantines, pas plus que les assiettes, gobelets, pichets, contenants alimentaires de cuisson, de réchauffe et de service.

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